Il existe vraiment des bases de données pour tout… et n’importe quoi ! Même pour les signalements, plus ou moins « vérifiables », du Bigfoot aux Etats-Unis. Autant s’amuser un peu avec, par exemple pour prévoir un voyage hypothétique sur les traces du cousin américain du yéti !
Le FBI a enquêté sur l’existence de Bigfoot, dans les années 1970, d’après cet article du Parisien reprenant celui du Washington Post, daté de juin 2019. « Et alors ? », me direz-vous. Alors, j’ai en stock depuis quelques mois une petite base de données farfelue, comme je les aime, sur les signalements de cette créature légendaire aux Etats-Unis. De quoi s’amuser un peu !
J’ai trouvé cette pépite sur Kaggle (comme celle sur les attaques de requins dans un précédent post), mais la source première est le BFRO, le Bigfoot Field Researchers Organization. Un nom très sérieux… Avec plus de 4500 entrées couvrant un siècle ou presque (1920-2018), cette base offre une foule de détails : Etat et comté, saison et date précise, météo, température, pression atmosphérique, index UV, cycle de la Lune, et j’en passe. « Ces rapports ne sont pas une preuve scientifique en soi (!), reconnaît le BFRO. Mais ils nous mènent vers la preuve scientifique. » Alors suivons la piste du Bigfoot !
Quand prévoir votre voyage sur les traces du Bigfoot ?
C’est en été qu’on aurait le plus souvent vu ou entendu le cousin américain du yéti, d’après la base de données du BFRO. Mais si l’on regarde ces signalements, mois après mois, octobre semble la meilleure option pour planifier un voyage sur les traces de ce mystérieux bipède velu, devant juillet et août.
Quelle région privilégier pour augmenter vos chances ?
La côte pacifique s’impose, avec une préférence pour l’Etat de Washington, à la frontière avec le Canada. Pays où le Bigfoot porte un autre nom : le sasquatch. La Californie arrive en deuxième position du classement général. D’autres Etats se distinguent si vous voyagez « hors saison du Bigfoot », comme la Floride en mars ou le Texas en décembre. Autant prendre une année sabbatique pour parcourir le pays entier, à ce rythme-là…
Visez une forêt, l’habitat préféré du Bigfoot
Mais il faut affiner un peu ce classement. D’abord, le Bigfoot n’habite pas n’importe où. Si les Indiens l’appellent « l’esprit de la forêt », ce n’est pas pour rien. La densité forestière est le principal facteur d’implantation de cette « espèce », avec la proximité de l’eau… et des cerfs-mulets dont il se délecte, d’après cette loooongue étude de son habitat. Etude fort détaillée qui se concentre sur l’Etat de Washington. Et qui pointe le risque que l’emprise humaine fait peser sur l’habitat du Bigfoot. Si utiliser le spectre de la disparition d’une créature imaginaire peut aider à sauver d’autres espèces réelles et réellement menacées, pourquoi pas, après tout…
Revenons à notre Bigfoot, à ses cerfs-mulets et surtout ses forêts. Si l’on pondère le nombre de signalements par la surface occupée par les forêts dans chaque Etat (source USDA), le classement évolue significativement. L’Illinois et l’Ohio, deux Etats de la région des Grands Lacs, semblent désormais des options sérieuses pour votre voyage hypothétique.
Au passage, si l’on établit la carte des signalements du bipède, comté par comté, le parallèle est évident avec la carte des forêts des Etats-Unis (source Woods Hole Research Center).
A moins que les ambiances forestières ne soient propices aux hallucinations visuelles et auditives. Ce qui expliquerait la recrudescence des témoignages pointant ces zones. Evidemment.
Au passage, c’est dans l’Ohio que se déroule l’expédition racontée sur le site de Popular Mechanics. 48 personnes, des lumières à infrarouges, des détecteurs de chaleur, une caméra, et bien sûr une grande et belle forêt…
Un temps écossais, voilà l’idéal pour croiser le Bigfoot
Prévoyez par conséquent une balade en forêt pour être (presque) sûr de faire mouche. N’annulez pas si le soleil est au beau fixe, on ne profite jamais assez de la forêt. En revanche, sachez que la pluie et la brume sont des conditions plus favorables pour rencontrer votre cible. Un peu comme un temps écossais (coucou le Loch Ness !).
En outre, la base de données du BFRO donne des indications sur l’indice UV ou la pression atmosphérique. Elles sont peu parlantes dans l’absolu. Mais si vous êtes arrivés jusque là dans la préparation de votre expédition bigfootienne, autant peaufiner les détails. Je n’ai pas utilisé la colonne concernant la phase de la Lune. Après tout, la créature que vous cherchez n’est pas un loup-garou.
Dans les coulisses
La base du BFRO commence en 1920, mais la folie Bigfoot ne débute vraiment que dans les années 1970, stagne un peu dans les années 1980-1990 pour mieux redémarrer dans les années 2000, avec un pic en 2004. Pour toujours plus de sérieux tout à fait scientifique (!), le BFRO classe les signalements en trois catégories, dont je n’ai retenu que les deux premières.
- La classe A concerne les « témoignages visuels clairs dans des circonstances où l’on n’aurait pas pu confondre avec un autre animal ».
- La classe B désigne « les observations à plus grandes distance ou avec une lumière moins bonne » ainsi que les témoignages exclusivement auditifs.
- La classe C ne recouvre que des témoignages indirects ou qui commencent à dater.
A noter que depuis 2004, année où l’on observe un pic de signalements, les classe B dépassent les classe A. Plus de témoignages enregistrés, moins de signalements « 100 % certains ». Tout le monde se prend pour les Henderson…
La base était relativement propre, saluons le sérieux du BFRO ! Il a juste fallu faire un peu de ménage dans Excel au niveau des dates et des saisons. Hop, un petit tour par Tableau pour les visualisations, je ne cache même plus ma préférence pour cet outil. J’ai cependant fait quelques essais avec Flourish, notamment pour tester la visualisation en bar chart race. L’outil me plaît toujours plus, mais cette visualisation ne servait pas à grand chose avec cette base de données. Une prochaine fois…
Résumons-nous. Pour rencontrer le Bigfoot ou du moins l’approcher, visez le mois d’octobre dans l’Etat de Washington, mais ne négligez pas les balades en forêt dans l’Illinois… Si le temps est nuageux, voire qu’une petite pluie s’invite, vous augmentez vos chances. Et si vous le voyez ou l’entendez, n’oubliez pas de le signaler au BFRO. Ainsi votre expérience sera consignée dans leur base de données. De préférence en classe A, pour boucler la boucle.